19 Décembre 2023
Le courant le plus marquant de la circulation de surface du Golfe
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Le courant de Gaspé est le courant le plus marquant de la circulation de surface du Golfe du Saint-Laurent. Il draine les eaux provenant de l’estuaire du Saint-Laurent vers le Golfe le long des côtes gaspésiennes. Sa vitesse peut atteindre 1 m/s durant l’été, sa largeur est de 10 à 20 km, et il occupe les 40 premiers mètres de la colonne d’eau. Il est séparé des eaux du Golfe par un front de salinité, qui peut devenir instable et générer des méandres espacés de plusieurs dizaines de kilomètres. Des remontées d’eaux profondes riches en nutriments le long de ce front ont été observées par le passé, et un modèle théorique a été proposé par Tang en 1982 pour expliquer ces mouvements verticaux. Ce modèle prédisait des remontées d’eaux profondes permanentes situées au large du front, accompagnées de plongées d’eaux de surface sous le front, mais ces prédictions n’avaient jamais été testées expérimentalement.
En analysant des observations in-situ de température, de salinité et de courants récoltées le long du courant de Gaspé entre 1991 et 1993, Leclercq, Chavanne et Larouche (2023) montrent que des mouvements verticaux sont souvent présents près du front du courant de Gaspé, mais ne sont ni permanents ni situés toujours au large du front, remettant en question le modèle de Tang (1982). Deux autres mécanismes potentiels de génération de mouvements verticaux frontaux sont testés : la frontogenèse (renforcement du front) ou la frontolyse (affaiblissement du front) causés par les méandres du front, et le pompage d’Ekman non-linéaire causé par le stress du vent. Les résultats démontrent que les mouvements verticaux observés sont principalement causés par la frontogenèse et la frontolyse, le pompage d’Ekman jouant un rôle secondaire proche de la surface.
Les remontées d’eaux profondes associées au front du courant de Gaspé apportent des nutriments près de la surface qui supportent la production primaire et ainsi toute la chaîne trophique régionale. Ces remontées d’eaux sont principalement associées aux méandres du courant de Gaspé et leur occurrence varie dans le temps et l’espace, impactant la variabilité régionale de la production primaire.
Résumé de Théau Leclercq et Cédric Chavanne
